L’écriture inclusive : « ça ne sert à rien », « ça complique la lecture »…
La grande mal aimée de notre décénnie, nous avons nommée : l’écriture inclusive 🎉
Souvent réduite à son point médian et critiquée à coup de :
- « c’est accessoire »
- « le masculin est déjà le marqueur du neutre »
- « ça ne sonne pas bien »
- « ça alourdit le texte »
Il n’est pas toujours simple de savoir quoi répondre !
Le HCE vous a concocté 8 réponses aux arguments contre l’écriture inclusive, qu’on vous partage avec grand plaisir 🔥
1. L'argument de l'utilité
“C’est accessoire…”
La langue reflète la société et sa façon de penser le monde. C’est bien parce que le langage est politique que la langue française a été infléchie délibérément vers le masculin durant plusieurs siècles par les groupes qui s’opposaient à l’égalité des sexes. Ainsi, une langue qui rend les femmes invisibles est la marque d’une société où elles jouent un rôle considéré comme secondaire.
2. L’argument du masculin générique
« Le masculin est aussi le marqueur du neutre. Il représente les femmes et les hommes dans la globalité »
En français, le genre neutre n’existe pas, et seuls des pronoms neutres ont survécu (ce, ça, quoi…). Un nom, un adjectif, un déterminant… est soit masculin, soit féminin. D’ailleurs, le masculin n’est pas perçu de manière bi-genrée : il active peu ou pas de représentations de femmes dans l’esprit des personnes qui produisent ou qui reçoivent le discours. Le masculin n’est pas plus neutre que le suffrage n’a été universel en France jusqu’en 1944.
3. L’argument esthétique
« “Écrivaine”, “pompière”, ce n’est pas beau, cela ne sonne pas bien ! »
La normalité des termes féminins est d’abord une question d’habitude. Aucun mot n’est beau ou laid en soi. Les noms de métiers prestigieux au féminin « dérangent » car ils traduisent le fait que des terrains initialement conçus comme propres aux hommes sont progressivement investis par des femmes. En outre, pour les noms qui ont reçu au féminin un sens connoté négativement, comme professionnelle ou entraineuse, il est encore plus nécessaire de les adopter, pour les rendre familiers et habitables au sens propre.
4. L’argument de la lisibilité
« Cela encombre le texte »
Ces « lourdeurs » évoquées sont plutôt intrinsèques à l’écriture institutionnelle, qui recourt à un foisonnement d’énumérations. Dans ce cas, l’écriture égalitaire agit plutôt comme un détecteur que comme la cause de l’alourdissement. Pour les textes courants, la combinaison des ressources présentes dans la langue et des nouvelles abréviations permet une fluidité remarquable, à condition que les rédacteurs et rédactrices aient été formé·es à leur utilisation. De plus, l’œil s’habitue rapidement aux abréviations, et les automatismes viennent vite. Il faut aussi faire remarquer que les périphrases « femme docteur » ou « femme auteur » prennent plus de place que « doctoresse » ou « autrice ». Enfin, non, les femmes « n’encombrent » pas les textes, jamais.
5. L’argument du prestige
« Certaines femmes elles-mêmes nomment leur métier au masculin »
Ces femmes ont parfaitement compris que, dans une société patriarcale, les formes féminines sont considérées comme moins prestigieuses. Celles qui transgressent les normes en intégrant des secteurs majoritairement occupés par des hommes cherchent sans doute, par là, à se fondre dans les usages privilégiant le masculin. Mais cette pratique est regrettable car l’usage du féminin, pour leur nom de métier par exemple, ne diminue en rien leurs compétences. De plus, ces femmes ont un rôle important de modèle à jouer pour les générations à venir.
6. L’argument de l’indivisibilité de la communauté nationale
« Le Citoyen n’a pas de sexe »
Si le citoyen n’a pas de sexe, comment se fait-il que les femmes aient dû attendre 1945 pour voter ? Le langage porte les valeurs de son temps. L’objectif de neutralité envers les êtres humains, quel que soit leur sexe, origine, couleur ou religion, est hautement respectable pour les rassembler sous une bannière commune. Mais il ne peut pas être atteint par des fauxsemblants. Nos pratiques langagières ne peuvent pas continuer d’effacer la moitié de l’humanité. Au contraire, la mise en visibilité des femmes dans le langage permet une plus grande inclusion et réalise l’égalité, principe de la République.
7. L’argument de l’homonymie
« On ne comprend plus le sens des mots »
Traditionnellement « la préfète » désigne la femme du préfet. Cet usage s’est globalement perdu, car le temps où les fonctions prestigieuses étaient interdites aux femmes s’éloigne de plus en plus. À présent, une femme qui se ferait appeler préfète ou générale alors qu’elle n’est que l’épouse d’un préfet ou d’un général se rendrait coupable d’une usurpation de titre. Ainsi, les pratiques langagières doivent s’adapter aux usages sociaux.
8. L’argument de la difficulté
« Les élèves vont faire plus de fautes encore ! »
L’écriture égalitaire, dans son ensemble, est souvent réduite à tort à l’usage du point médian. Cette abréviation est d’une appropriation facile et l’essentiel est de restituer l’équilibre entre les deux genres. Par ailleurs, l’écriture égalitaire n’a rien à voir avec les difficultés orthographiques ou grammaticales, qui pourraient être réduites par des réformes appropriées. Mais ces simplifications-là n’entraineraient aucunement la disparition du genre en français et donc la nécessité d’exprimer le féminin et le masculin à égalité.
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